
Des consultantes me font part d'un vide qui les imprègne. « Je me sens vide de l'intérieur » est l'expression la plus courante couplée à « je suis vide et seule ». Elles m’interrogent sur les raisons et les conséquences de ce vécu. Parfois elles en identifient l'origine, d'autres fois le vide s'installe progressivement sans qu'elles puissent y attacher un événement ou une période de vie bien définie.
DEFINIR LE VIDE INTERIEUR
Ressenti ou sentiment ?
Je parlerai davantage (même si le mot sentiment n'est pas inapproprié) de ressenti tant le phénomène est palpable physiquement, émotionnellement, mentalement dans tout l'être et sur un ou plusieurs plans.
L'impression qui se dégage de cet état est un gouffre profond, un puits sans fond que rien ne pourrait combler. Les signes qui l'accompagnent sont pluriels et je ne pense pas que ce soit nécessaire de s'y attarder. Néanmoins, physiquement, on peut le distinguer du surmenage et de la fatigue intense occasionnelle ou encore de la fatigue chronique bien qu'il puisse s'y associer (nous y reviendrons dans un prochain article).
Ce ressenti est un signal d'alerte qui amène aux questionnements : «pourquoi je me sens vide à l'intérieur ?», «comment combler ce vide ?».
La présence d'un sentiment de vide intérieur est identifié pour la plupart d'entre nous par le manque ou l'absence. Absence de sens dans la vie, perte de repères, manque d'amour dans l'enfance, perte ou deuil que ce soit de quelqu'un ou de quelque chose, manque ou sentiment de privation de liberté etc.
Ce ressenti est peu exprimé en société pour différentes raisons : difficulté à mettre un mot sur ce vécu, à se livrer sur un sentiment si intime et profond, peur du jugement (notamment lorsque la vie semble, de l'extérieur, nous combler !), confusion avec un vécu dépressif voire avec d'autres pathologies mentales
auxquelles la personne ne s'identifie pas.
Le point de vue de la santé mentale
Pour les psychiatres le sentiment de vide intérieur associé à des signes complémentaires est un symptôme clinique qui oriente vers une pathologie (troubles de la personnalité, maladie mentale, anomie ou perte de sens...). En cas de doute ou dans les cas avérés la prise en charge par un professionnel de santé ou par un psychologue, en fonction de la situation, est incontournable.
Il est fréquent que pendant des jours, des mois, des années même des fonctionnements psychiques ou comportements se mettent en place pour combler le gouffre. Le mental et l'ego recherchent des satisfactions extérieures jusqu'à ce que...le « bouclier » se fissure, à l'occasion bien souvent d'une réactivation de la blessure originelle. La mémoire corporelle et émotionnelle se réveillent et le vide intérieur se déploie pour alerter sur la persistance du problème initial.
Les approches thérapeutiques explorent avec la participation active du patient, par l'introspection, les questions fondamentales qui peuvent expliquer cet état. Elles visent également à accompagner vers des changements de comportements ou à modifier intentionnellement les pensées (Thérapie Cognitives et Comportementales).
L'approche psychologique est souvent une approche au long court, basée sur la conscientisation.
Le point de vue énergétique
Au-delà, comment comprendre le vide intérieur sur le plan énergétique ? Que peuvent les arts énergétiques quand je ne me sens pas concernée par l'évocation d'une problématique liée à mon état psychologique ou que je ne me sens pas encore prête à engager un travail d'introspection ? Est-ce que l'approche énergétique peut soutenir la démarche conventionnelle ?
DE LA NATURE DU VIDE, UN PARADOXE
Du point de vue énergétique, le vide EST.
La pratique énergétique considère que nous sommes constituées de « traces » et « marques » énergétiques formant une infinités d'informations. Pour la praticienne en énergétique ces « mémoires » s'inscrivent sur différents plans de notre être.
Le système du code-barre peut facilement imager la représentation des données lisibles dans le corps : la lecture se fait par les barres ET les espaces.
Traumatismes, douleurs et émotions, vécus difficiles mais également les héritages familiaux, les vies antérieures impactent :
• Le ressenti de pleine vitalité (je me sens pleine de vie),
• Le ressenti d'intégrité (je me sens entière),
• Le ressenti de congruence (je suis au bon endroit),
• Le ressenti de qui je suis, ce que je suis et ce que j'aspire à être (le sens de ma vie, mes envies, mon potentiel).
De mon point de vue, l'objectif du soin énergétique, quelque soit la pratique (praticien en massage, énergéticien...), n'est pas de restituer l'existant passé (« je voudrais me sentir comme avant ») mais d'amorcer des changements pour que le vide se charge de nouveaux pleins.
DE LA NATURE DU PLEIN OU LE PLEIN POTENTIEL
Si je ne me sens pas vide est ce que je me sens pour autant « pleine » ? et dans ce cas pleine...de quoi ? L'énergie vitale invisible circule librement dans l'ensemble du corps. Elle nous permet de nous ressentir «pleine de vie». Celle-ci est une sorte de carburant qui est généré et entretenu par le système interne (nourriture, souffle, énergie prénatale originelle) et par l'apport d'énergies externes qui pénètrent les êtres vivants. En intervenant sur l'énergie de la personne des changements se produisent dans l'organisme comme dans les différentes dimensions de l'être. La perception du moi (confiance en soi, estime de soi, qui je suis...) et de l'environnement évoluent au fur à mesure que les ressources propres sont récupérées, que les blessures sont prises en charge et qu'un nouveau champ des possibles s'ouvre.
L'actualisation des ressources qui vise le « plein fonctionnement » de la personne, facilite l'ouverture à de nouvelles expériences qu'elles soient émotionnelles, psychiques et physiques. Celles-ci nourrissent naturellement l'énergie dont notre être à besoin pour se sentir bien et se développer. De là, un cercle vertueux se met en place.
Et en complément, qu'est ce que je peux faire ?
Le vide une dissociation du corps et de l'esprit
Dans beaucoup de pratiques traditionnelles (yoga, taoïsme..) corps et esprit sont liés. En réalité, dans la vie quotidienne nous sommes chahutées par l'activité psychique et ses fluctuations. Nous oublions notre corps physique. Nous sommes aussi parfois emportées par l'action et nous ne nous arrêtons pas pour observer ce qui nous agite.
Les histoires de vie peuvent accentuer la dissociation corps-esprit. Si je me sens vide, je me coupe d'une douleur psychique qui pourrait être encore plus grande. Le système d'inhibition de l'organisme permet de préserver le psychisme de ce qu'il n'est pas en capacité de traiter.
Se sentir pleinement vivant c'est cultiver, entretenir, conforter et restaurer cette unité.
Des pratiques comme Yoga, Qi gong, Arts martiaux (pour n'en citer que trois) explorent les perceptions physiques, sensorielles et psychiques tout en recherchant une présence à soi et à l'environnement. Cette double intention favorise la perception de l'unité, celle d'être pleinement et intégralement là.
Nous connaissons toutes les cahiers de gratitudes, les 3 kifs de la journée et j'en passe. On adhère ou pas à la pratique. Reconnaissons à ces exercices une qualité qui me semble importante. Ils peuvent servir de support pour conscientiser les moments où nous nous sentons pleinement vivantes (comment je me sens physiquement dans un moment précis de ma journée ?) dans un vécu positif (quelle émotions, quelles pensées ?). Mais, il est possible d'aller plus loin. Se sentir pleinement vivante c'est aussi accepter et reconnaître de vivre dans le présent des émotions et des sensations physiques difficiles ou douloureuses. C'est accepter de se laisser submerger sans contrôler l'émotion.
Si je me sens pleinement vivante alors le sentiment de vide perd de sa vigueur.
La méditation, est-ce utile si je me sens vide ?
Le vide en méditation ne présente pas la connotation négative du vide vécu dans les moments difficiles. La méditation est un outil puissant qui permet d'aborder la notion de vide comme espace de potentiels, de se défaire de la peur et du rejet que le vide suscite. Avec de la pratique, les méditants se connectent à la plénitude en dissociant pensées et conscience et explorent la contemplation de la vacuité.
Mais avant d'arriver à cela que puis-je faire ?
Il faut distinguer les exercices de concentration/attention de ceux de méditation libre et profonde.
Engager une pratique de méditation lorsque le ressenti de vide intérieur est profondément installé peut ne pas être bénéfique. Les professeurs de yoga et instructeurs de méditation rappellent, à bon escient, que l'«on n'apprend pas à nager en pleine tempête ».
La phase de crise peut être accompagnée par des pratiques de concentration progressives, douces, choisies au regard de la problématique personnelle. Le psychisme est décentré de la sensation de vide et invité à reprendre contact avec d'autres sensations corporelles et mentales.
Les pratiques qui favorisent l'harmonie et la circulation des énergies invitent à la redécouverte de soi et la reconnexion avec nos émotions et besoins profonds. L'espace intérieur se remplit d'expériences (émotionnelles et mentales) pour nourrir une vie pleine et chasser le vide intérieur.